vendredi 15 mai 2009

"Ce sont ceux avec qui nous vivons, que nous aimons et que nous devrions connaître qui nous échappent..." [Norman Maclean]

Cette citation, qui fait partie de mes favorites, me permet d'aborder un sujet plus sérieux que les précédents, mais nettement moins réjouissant. Durant mes nombreuses années d'étude, j'ai eu la chance de rencontrer un bon nombre de personnes de tous horizons que j'ai apprécié, adoré, détesté, ou haï (rarement tout de même), mais qui ne m'ont jamais laissé indifférent.
J'aurai souhaité ne pas en côtoyer certaines qui n'ont jamais fait partie de mon environnement, même avec la plus grande volonté du monde, par divergences d'opinions, de caractère ou de modes de vie trop profondes (pour m'éviter d'être désagréable et de proférer des grossièretés...).
Je n'emploierai d'ailleurs pas le terme de connaissance pour ces individus, le terme n'étant pas vraiment adapté car comme le disait Coluche: "pour critiquer les gens, il faut les connaître et pour les connaître il faut les aimer", c'est pourquoi je me suis bien gardé d'émettre la moindre critique à leur égard...
D'autres personnes sont continuellement restées au rang de vague connaissance malgré un respect mutuel clairement affiché , la plupart se sont limitées au simple stade de la camaraderie de circonstance (les soirées et quelques repas en commun) alors que quelques-unes se sont ancrées durablement dans mon entourage proche et m'apparaissent aujourd'hui comme de fidèles ami(e)s.
Mais c'est à ceux qui me semblaient faire partie de cette dernière catégorie à un moment donné de mon parcours que s'adresse ce billet.

Il est des journées maussades lorsque les heures me paraissent interminables, pendant lesquelles je me laisse aller à regarder quelques photos des années précédentes afin de tuer le temps. Ces dernières mettent en évidence une bande de potes qui a l'air visiblement heureuse d'être ensemble à ce moment précis.
Mais à l'heure où j'écris ces lignes, beaucoup de ces collègues m'apparaissent désormais très lointains, comme sortis d'une autre époque, débarqués subitement d'un passé pourtant récent, mais qui semble tellement loin qu'on se demande même s'il a réellement eu lieu...
Il fût pourtant une période où nous étions constamment ensemble, où nous n'envisagions pas une soirée séparément, où nous étions si proches.
Et la promiscuité instaure au fur et à mesure une relation d'amitié, qui transforme un individu lambda en un ami, en une personne qui vous est chère, que vous aimez à votre façon, et pour qui vous êtes toujours présent.
Mais le temps passe, chacun suit sa voie et fait sa vie comme il l'entend, ses fréquentations changent et il en oublie petit à petit ses relations passées.
Je pourrais blâmer certains de ne pas avoir chercher à garder ne serait-ce qu'une correspondance régulière, et de ne pas avoir donner suite aux diverses sollicitations, mais je ne suis peut-être pas irréprochable...
On laisse s'écouler une certaine période sans prendre le moindre contact, que l'on tente de justifier par le manque de temps. Mais préserver une amitié ne mériterait-elle pas qu'on sacrifie parfois quelques minutes de son précieux temps ? Une amitié doit savoir s'entretenir au delà de l'éloignement, au delà des circonstances, et c'est de là qu'elle tient ses fondements et ses principes. Certains ne se voient que très peu mais restent amis de longue date...
Lorsque bien trop tard les gens se rappellent par hasard à notre bon souvenir, la distance s'est trop durablement installée et crée un gêne que l'on a du mal à surmonter.
Alors on reste comme des cons avec le nom en surbrillance sur le portable sans appuyer sur la touche "Appel" et l'on se refuse de taper sur la barre d'Entrée lorsque la fenêtre de conversation s'affiche sur MSN.
Je regrette aujourd'hui d'avoir perdu de vue certain(e)s, et je m'aperçois avec le recul que je ne les connaissais pas vraiment en dehors du quotidien, et que je n'ai pas pris ou eu le temps nécessaire de les apprécier pendant ces années passées ensemble.
De nos jours Facebook et MSN semblent créer l'illusion que l'on peut "retrouver" ces personnes, mais ce n'est finalement qu'avec nos amis et notre entourage que l'on discute, que l'on partage.

Aujourd'hui ces clichés que je me remémore avec nostalgie me paraissent jaunis par le temps, mais les sourires restent figés pour toujours; une autre génération a pris le pas, et j'espère qu'elle saura perdurer afin qu'elle ne fasse pas partie des souvenirs...

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